L’architecture contemporaine

À partir des années 1940 reviennent des architectes paraguayens partis se former à l’étranger : Homero Duarte, Francisco Canese et Natalio Bareiro en Uruguay, Oscar Rivas et d’autres au Brésil. Cette nouvelle génération introduit au Paraguay un courant qui transforme le paysage urbain de la capitale.

L’architecture est d’influence moderne, mais avec des caractéristiques propres, qui ne sont pas nécessairement liées au contexte européen dans lequel ce courant est né, et qui était fortement marqué socialement. Au Paraguay, cette intégration a lieu dans les quartiers du centre de la capitale, comme sur les avenues de maisons secondaires. En centre-ville, on la remarque aux façades de couverture qui définissent précisément les contours des blocs de maisons. Sur les actuelles avenues d’Espagne et Maréchal, elle se manifeste par la magnifique architecture des villas érigées en harmonie avec la végétation.

Dans les années 1950 et 1960, ce renouveau architectural prend une dimension internationale, grâce à plusieurs événements et projets : la collaboration paraguayo-brésilienne autour de la construction du Collège Expérimental Paraguay-Brésil, le concours international organisé pour le projet de l’hôtel Guarani (remporté par le Brésilien Rubens Vianna), les projets de l’architecte brésilien Saturnino de Britos, dont les œuvres sont considérées comme les plus belles résidences d’Asunción, ainsi que la fondation, en 1957, de la Faculté d’Architecture.

La décennie des années 1970 est témoin d’un changement radical dans l’architecture et l’urbanisme du Paraguay. Ce bouleversement est en grande partie entraîné par le boom économique grâce à la création d’Itaipú. On voit l’apparition d’une bourgeoisie industrielle, dont l’idée de progrès et de modernité se manifeste entre autres à travers des goûts architecturaux en rupture totale avec ce qui se fait jusqu’alors. C’est le début de l’architecture « éclectique », des « revivals » et du style pittoresque, qui deviennent peu à peu la norme des nouveaux quartiers résidentiels. La croissance économique génère également une forte impulsion pour le marché immobilier, ce qui permet l’acquisition et la transformation d’une part non-négligeable du patrimoine architectural d’Asunción selon ces nouveaux styles à la mode.

Dans les années 1980, faute d’investissements pour garantir son maintien comme noyau vital de la ville, le centre historique d’Asunción se dégrade progressivement. Parallèlement, les travaux d’inspiration moderne subissent aussi un discrédit qui les fait tomber dans l’oubli. Ceci est dû en majorité à leur esthétique sobre, austère et raffinée qui ne coïncide pas avec les aspirations ostentatoires de la nouvelle bourgeoisie.

Depuis les années 1990 et jusqu’à aujourd’hui, on assiste à une revalorisation d’une partie de ce qui avait été jadis déprécié. Des projets de « recyclage » et de restauration ont émergé, qui apportent du prestige tant à leur auteur qu’à leur propriétaire. Parmi ces projets figurent notamment les bureaux de la Banque d’Investissement du Paraguay et ceux de la Banque Hollandaise Unie. Cette revalorisation n’affecte toutefois pas le patrimoine moderne, tombé dans l’oubli. Les constructions emblématiques citées précédemment telles que le Collège Expérimental Paraguay-Brésil et l’Hôtel Guaraní sont toujours à l’abandon, malgré d’innombrables tentatives de restauration avortées. En 2016, le Paraguay a promulgué une loi ayant pour vocation la sauvegarde du patrimoine du pays. Dans ce contexte, un projet de revalorisation du centre historique d’Asunción incluant la restauration du Palais de López a été annoncé en février 2019.