La communauté afro-paraguayenne
La communauté afro-paraguayenne est nombreuse et porteuse de l’histoire et des récits du pays. Aujourd’hui un peu plus de 8 000, les Afro-Paraguayens sont des descendants d’esclaves venus d’Afrique au temps de la colonisation espagnole, de la fin du XVe siècle au début du XIXe siècle, pour les travaux lourds et le travail agricole au Paraguay. Cette communauté est connue sous le nom de « Kamba », qui provient d’une déformation du mot guarani « numba » signifiant « todo negro » c’est-à-dire « tout noir ».
L’arrivée d’Africains au Paraguay
En 1518, la Couronne espagnole autorise la venue d’esclaves noirs d’Afrique en Amérique, pour apporter une nouvelle main-d’œuvre dans les champs, car la peste avait décimé les populations guaranis qui travaillaient déjà la terre pour les colons.
L’esclavage commence véritablement en 1556 au Paraguay au temps du gouverneur Hernando Arias de Saavedra. Les esclaves viennent principalement de Guinée, du Niger et du Congo. Cette arrivée s’inscrit dans la tradition esclavagiste du commerce triangulaire formé entre les Amériques, l’Europe et l’Afrique.
À la fin de l’ère coloniale dans les années 1780, les Afro-Paraguayens représentent 11 % de la population totale du Paraguay, dont la moitié vivait à Asunción. La présence d’une communauté afro-paraguayenne dans le pays a pourtant été très longtemps niée, la discrimination qui prend racine à l’époque coloniale excluant le « métissage noir » dans sa conception traditionnelle. Aujourd’hui, la population afro paraguayenne représenterait seulement 1 % de la population totale du pays.
Lors de la guerre de la Triple Alliance, conflit opposant le Paraguay à une coalition formée par le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay, les esclaves noirs sont envoyés au front. En 1866 se forme le bataillon « Nambi’i » avec des combattants esclaves noirs. Réputé pour sa bravoure et ses victoires militaires, il conquiert la forteresse de Coimbra et se démarque lors de son affrontement contre le régiment uruguayen « Florida ». Peu de temps avant la fin de la guerre, le 2 octobre 1869, le gouvernement décrète l’abolition totale de l’esclavage au Paraguay.
Un besoin de reconnaissance
En 2007 est créée l’Association Afro-Paraguayenne Kamba Kua (AAPKC) qui obtient pour la première fois dans l’histoire du pays un recensement officiel de la population noire. Ce dernier permet de bien déterminer les trois communautés du pays : Kamba Kua dans la région centrale, Kamba Kokue dans la région de Paraguari et Emboscada dans la région de Cordillera.
En 2008 est créé un réseau paraguayen des personnes afro descendantes. Parmi leurs revendications figurent la demande de reconnaissance des Afro-Paraguayens comme minorité ethnique bien différenciée, la demande d’une indemnisation pour les dommages causés par la perquisition des terres Kamba Kua, l’ajout des contributions historiques afro-paraguayennes dans les manuels scolaires et l’inclusion de la minorité dans les prochains recensements.
Souvent stigmatisée et exclue, cette minorité ne bénéficie toujours pas des mêmes conditions de vie que le Paraguayen lambda. En quelques chiffres, 7,4 % de la population afro-paraguayenne est analphabète et seulement 15 % possède une assurance maladie.
Trois communautés principales : Kamba Kua, Kamba Kokué et Emboscada
Les Afro-Paraguayens vivent dans trois communautés principales.
La première et la plus connue est Kamba Kua. Créée en 1820 par 250 combattants hommes et femmes qui ont suivi le général José Gervasio Artigas, un chef révolutionnaire indépendantiste de la Banda Orienta, elle est située à 24 km d’Asunción dans la province de Fernando de la Mora. Le gouverneur, José Gaspar Rodríguez de Francia, donne alors aux Afro-Paraguayens des semences, du bétail et 100 hectares de terres à exploiter. Le nom provient du guarani « cuevo de negro », signifiant littéralement « caverne de noirs ». Environ 5,6 % des personnes afro descendantes du pays vivent dans la communauté Kamba Kua, dans la ville de Fernando de la Mora.
Bouleversée lors de la guerre de la Triple Alliance, la communauté connaît également un conflit fort avec les autorités paraguayennes au sujet des terres qui leur avaient été données par le gouverneur de Francia, sans qu’aucun papier ne le justifie. Une bulle spéculative à propos des terres de Kamba Kua associée à un projet d’extension d’Asunción pousse Morínigo, alors président, à exproprier les terres les plus rentables de la communauté pour les offrir à ses alliés. Nous sommes en 1943. La situation empire sous la présidence d’Alfredo Stroessner avec de nouvelles expropriations. Résultat, seuls 7 hectares sur les 100 restent entre les mains des Kamba Kua actuellement.
Elle est la communauté afro-paraguayenne la plus connue du Paraguay, car ses membres tentent de préserver leurs origines et leur culture lors de fêtes traditionnelles, dont la fête patronale, qui célèbre Saint Baltazar le 6 janvier. Le festival Kamba Kua est fait de musiques et de danses en son honneur. C’est un mélange de traditions catholiques et africaines célébrées par le ballet Kamba Kua, groupe formé de 22 danseurs sous la direction de Benito Medina, et de dix instrumentalistes jouant du tambour. Le but est de contribuer à la visibilité de la culture afro paraguayenne.
Kamba Kokué est une autre communauté. Avant le recensement officiel de 2007, son existence était encore ignorée. C’est une petite communauté à 70 km d’Asunción, dans la banlieue de Paraguarí, rebaptisée au nom de la Vierge Caacupé, leur sainte patronne. Les habitants, eux, utilisent toujours l’ancien nom « Kamba Kakué ». La communauté aurait été créée pendant la colonisation espagnole. 4,9 % de la population afro-paraguayenne vit à Kamba Kokué.
La troisième communauté est Emboscada, il s’agit de la plus peuplée. Fondée en 1740 par Rafael de la Moneda, alors gouverneur du Paraguay, son vrai nom est San Augustín de la Emboscada. Une vague d’esclaves migre vers Emboscada où ces derniers vont bénéficier d’une liberté conditionnelle pour leur enrôlement dans les garnisons militaires. Ils célèbrent leur San Francisco Solano le 24 juillet. En 2001 est créée l’association des Afro descendants d’Emboscada afin de faire valoir leurs droits. La précarité, le manque d’infrastructures et de politiques sociales caractérisent Emboscada, où 58 % de la population est d’origine africaine.
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